Workshop design social :
Comment créer du lien entre les enfants d’un quartier et l’équipement culturel qui y est implanté ?
public
étudiants de la classe prépa beaux-arts de l’école d’art de GrandAngoulême
durée
4 jours :
– 2 jours d’immersion, tri des données et problématisation en octobre 2022
– 2 jours d’idéation et de conception de projet en février 2023
le défi
Créer du lien entre les enfants d’un quartier politique de la ville et l’école d’art qui y est implantée, voilà le challenge de départ proposé aux étudiants d’une prépa beaux-arts lors d’un workshop en design social.
la solution
Co-organiser avec les habitant•es, dans le jardin clôt de l’école, une fête de quartier destinée aux familles afin d’aménager un espace convivial de rencontre et de partage (de savoirs, de compétences, de récits, de cultures…).
En plus des jeux proposés, cette fête se cristalliserait autour de la préparation d’un repas (recettes partagées) dont la vaisselle en céramique aurait été fabriquée par les habitant•es et cuite en amont dans un four primitif implanté dans le jardin pour le temps de la fête.
Chaque assiette personnalisée rejoindrait le service qui serait stocké/exposé en attendant la nouvelle édition annuelle. Un processus de partage, inscrit dans la durée, matérialisé par des supports individualisés qui constituent le collectif.
la méthode ?
En identifiant les besoins, les freins et les usages des enfants du quartier afin de formuler un projet qui aille à leur rencontre. Et pour ce faire, nous avons suivi la méthode du design thinking qui permet de mettre l’usager au coeur du projet tout en mobilisant l’intelligence collective.
• Étape 1 : immersion = comprendre les enfants du quartier en allant à leur rencontre, échanger avec des parents et interviewer les professionnels de la culture, petite enfance et social afin de recueillir leur expertise. Au terme, les étudiants ont défini un persona représentant les enfants du quartier et qui les a guidé tout au long du processus.
• Étape 2 : tri des données et problématisation du challenge à relever. Les étudiants ont retenu la recherche de convivialité au sein du quartier, les freins culturels et économiques, le manque d’autonomie du jeune enfant, la recherche d’espaces sécurisés, le besoin de valorisation, l’apparente inaccessibilité de l’école, le besoin de jouer…
• Étape 3 : l’idéation, chercher le plus d’idées possibles qui puissent répondre aux enjeux.
• Étape 4 : prototyper. Il s’agit de s’aligner sur un nombre restreint d’idées, puis de les conceptualiser en une solution qui prend corps sous la forme de prototypes.
• Étape 5 : tester. Il s’agit de présenter le projet, le réajuster et pourquoi pas, lui donner vie…
Merci aux étudiant•es, à l’équipe de l’École d’art de GrandAngoulême et aux partenaires qui se sont rendu disponibles : l’ARU, la Maison des Habitants, la médiathèque l’Escale, la crèche Zarafa et l’accueil Kalis.
Edit mai 2023 :
Ce projet qui devait rester un prototype s’est finalement réalisé !
Alors, oui, le projet a dû (pour l’instant?) être soulagé de l’ambitieux four à céramique primitif et de la fabrique de la vaisselle, mais l’essentiel était là :
> des enfants, jamais venus à l’école d’art étaient là, nombreux.
> l’école est devenue un lieu de vie du quartier le temps d’une journée.
> il y a eu des échanges autour des ateliers de pratique artistique.
> la journée s’est clôturée par un pique-nique partagé entre les opérateurs du quartier et les habitant•es du quartier.
> pendant quelques heures, des barrières sont tombées.
> l’envie de renouveler la fête chaque année est là.
Ce projet, inattendu, a fini par s’imposer comme une évidence et ce, grâce à la motivation des étudiant•es qui avaient suivi le workshop.
Les enjeux identifiés en immersion, les freins et besoins cernés, le réseau de partenaires identifié et, surtout, la conviction collective que le projet était le bon, ont fait que la machine était lancée.
Ce quartier, mal aimé, bouleversé par de multiples opérations d’urbanisme a grand besoin de convivialité et d’énergie positive et ça, les étudiant•es l’avaient bien compris.
Cette journée là ne changera pas tout, mais quand même, elle fait grand bien.
Quant aux étudiant•es en prépa, iels se sont interrogés de leur responsabilité sociale, de la dimension politique d’une action artistique, de la capacité réelle à s’immerger dans un territoire, de la possibilité de se défaire de biais culturels, de la façon d’aménager sincèrement un espace d’échanges.